Saturday, January 23, 2010

Sur Rohmer

Skorecki, aqui:
qu'un homme de cette qualité là puisse en un clin d'oeil disparaître sans bruit, sur la pointe des pieds, dit toute sa noblesse .... que les medias et surtout la télé restent muets devant sa mort (il filma pour la télévision scolaire des heures et des heures de pures leçons de cinéma) en dit long sur l'inculture de ces mêmes medias ... c'était évidemment le plus grand cinéaste français après bresson, et avant brisseau et moullet, deux de ses plus brillants disciples .... on va encore chercher deux ou trois autres mots à dire (qui s'ajouteront au seul texte digne qui ait été publié sur la mort de rohmer, celui de philippe azoury dans libération), mais on peut déjà avancer sans crainte de se tromper, qu'il était à lui seul le cinéma, et qu'il a tout appris à jean-claude biette, marguerite duras, jean eustache, et aussi à un certain .... woody allen (la collectionneuse est de 1967, annie hall de 1977)
à propos de la mort en douce d'éric rohmer, on peut d'ores et déjà remarquer une chose: seuls ses acteurs lui ont été fidèles, témoignant humblement de ce qu'il leur avait appris, avec une intelligence et une modestie qui forcent l'admiration ....
PS. la mort de rohmer permet enfin d'en finir avec l'hérésie fondatrice du cinéma de bresson , ce sublime aveuglement qui lui fit tenir le théâtre comme seul responsable de tous les maux du cinéma, alors qu'il aura été -de loin- le plus génialement théâtral des cinéastes, depuis ses deux films inauguraux, les anges du pêché (incursion sublime dans le porno mizoguchien), et les dames du bois de boulogne (contamination du récit par une intrigue parallèle sado-lesbienne)... rohmer se sera plutôt attardé, de biais, sur les perversités des petites filles modèles, bresson s'en tenant à un érotisme plus frontal, plus balthusien, mais tout ça n'aura été au fond que théâtre, sublime théâtre, et rien de plus ....
E em Lisboa, para a semana.